Depuis 2008, le laboratoire CHERPA (Croyance, Histoire, Espace, Régulation Politique et Administrative, Équipe d’accueil - EA 4261) est le centre de recherche unique de Sciences Po Aix. Chaque année, les chercheurs du CHERPA publient leurs travaux : voici un récapitulatif des publications de cette année.
S’engager pour les animaux, Paris, Presses universitaires de France, coll. « La vie des idées », 2019
dirigé par Christophe TRAÏNI professeur de science politique à Sciences Po Aix et membre du laboratoire CHERPA, Croyance, Histoire, Espace, Régulation et Administration (EA 4261).
Fabien CARRIE est chargé de recherche au FRS-FNRS et membre du Centre de Recherche Interdisciplinaire sur la déviance et la pénalité (CRID&P, Université catholique de Louvain).
Mise en lumière par des scandales sanitaires récents et par la montée en puissance d’associations se réclamant de l’antispécisme et du droit des animaux, la « question animale » a pris ces dernières années en France une importance inédite. Cette problématique est portée dans l’espace public par un ensemble de groupes et d’acteurs qui entendent représenter politiquement les intérêts des animaux à ne pas souffrir au sein des dispositifs d’exploitation.
Quels sont les ressorts émotionnels, intellectuels et théoriques de cet engagement ? Le mouvement « animaliste » contemporain constitue-t-il une nouveauté et quelles sont les conditions historiques de son émergence ? En quoi son influence croissante change-t-elle nos perceptions des rapports légitimes entre humains et non-humains ? Quels sont les enjeux et les futurs possibles de cette entreprise singulière de représentation politique ?
Politisation du proche. Les lieux familiers comme espaces de mobilisation Rennes, Presses Universitaires Rennes, coll. « Res Publica », 2019
dirigé par Stéphanie DECHEZELLES, maîtresse de conférences en science politique à Sciences Po Aix, chercheuse au CHERPA et associée au LAMES,
Maurice OLIVE, maître de conférences en science politique à l’université d’Aix-Marseille et chercheur au CHERPA.
Les dernières décennies ont vu se multiplier les situations conflictuelles liées aux interventions publiques visant à requalifier les espaces, à leur prescrire une vocation ou à encadrer leurs usages. Si les conflits autour des grands projets d’aménagement ont été assez largement analysés, les mobilisations locales ont beaucoup moins attiré l’attention des chercheurs, laissant ainsi le champ libre à des interprétations générales, souvent réductrices, voire dépréciatives. Essayer d’en restituer la richesse, et de mieux saisir leurs significations, leurs modes d’ancrage et leurs dynamiques est l’objectif de cet ouvrage.
Les contributions qu’il rassemble reposent sur des enquêtes de type ethnographique, à la croisée de plusieurs champs académiques (science politique, sociologie, anthropologie, géographie), mais guidées par une préoccupation commune : considérer les mondes familiers comme des espaces de critique sociale et de revendication politique. Une hypothèse centrale parcourt l’ouvrage: ce qu’expriment les mobilisations étudiées est moins une «crise de l’intérêt général », entendue dans le sens d’un repli vers le cadre de vie, que l’inverse, c’est-à-dire la revendication de prendre part à l’action publique à partir d’une attention au proche. Elles témoignent des transformations des espaces du politique, dont elles sont une expression renouvelée plutôt que le symptôme d’une crise profonde.
Le parti des travailleurs au Brésil. Des luttes sociales aux épreuves de pouvoir par Camille GOIRAND, 2019
Camille Goirand est professeure de science politique à l’Institut des Hautes Etudes de l’Amérique Latine (IHEAL) et chercheuse au Centre d’Etudes et de Documentation sur les Amériques (CREDA – UMR 7227). Elle poursuit des recherches comparées sur l’engagement et la participation politique au Brésil et en Amérique latine ainsi que sur les mobilisations et leur répression. Elle est l’auteure de La politique des favelas (Karthala, 2000), a dirigé Les lieux de la colère (Karthala, 2015, avec David Garibay et Hélène Combes) ainsi qu’un dossier intitulé Destitution(s) au Brésil (paru dans Lusotopie, n°17, 2018), avec Marie-Hélène Sa Vilas Boas.
Le Parti des travailleurs est-il devenu au Brésil un parti comme les autres au point de perdre son âme ? Longtemps vu comme un parti défenseur des plus pauvres, issu des oppositions au régime autoritaire, formé dans le giron de mobilisations ouvrières dans la région de São-Paulo, le PT est entré dans le jeu des institutions politiques dans les années 1990. Après être arrivé à la tête de plusieurs métropoles régionales, il s’est peu à peu ancré sur l’ensemble du territoire national, jusqu’à la victoire présidentielle de son dirigeant emblématique, Lula, en 2002. Le parcours de cette figure charismatique du PT, depuis les terres déshéritées de l’intérieur du Nordeste jusqu’au palais présidentiel, est significatif des transformations sociales qui ont traversé ce parti, jusque-là contestataire et devenu parti de gouvernement.
À partir d’une enquête ethnographique menée à Recife, dans le Nordeste du Brésil, et d’une analyse localisée du politique, cet ouvrage se penche sur les parcours biographiques de militants et de cadres locaux du parti. Il pose la question de l’apprentissage du métier politique, de l’ancrage social du parti, des changements dans le « faire » campagne et des sens de l’engagement partisan.
Articles suggérés