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Le vent contestataire n'épargne pas les pays du Golfe LE MONDE | 01.04.2013 à 15h43

Actualités des diplômés

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02/04/2013

Hugo Micheron

Diplômé du King's College de Londres et de Sciences Po Aix, spécialiste du Moyen-Orient et auteur d'un travail de recherche sur les programmes de développement des pays du Golfe intitulé : "An immobile development process. Analysing current structural evolutions of Arab Gulf rentier states toward a sustainable economic growth". Ses travaux portent sur les évolutions économiques et politiques des pays du Moyen-Orient. Il a vécu en Syrie entre 2008 et 2009.
 

Des protestations ont éclaté depuis 2011 dans les trois Etats les plus pauvres de la région : Bahreïn, Oman et l'Arabie saoudite. Ces pays présentent des caractéristiques communes avec les autres nations arabes : une société civile jeune et plus éduquée que par le passé, des despotes vieillissants à l'image d'Abdallah d'Arabie saoudite âgé de 88 ans, des taux de chômage et de sous-emploi élevés, des inégalités sociales extrêmes et des ressources budgétaires devenues insuffisantes. Il n'est donc pas surprenant que les slogans déployés dans ces pays fassent écho à ceux entendus dans les autres villes arabes.

A Bahreïn, où la famille royale des Al-Khalifa occupe tous les ministères-clés depuis 1971, le mouvement populaire dit du 14 février a protesté contre l'autoritarisme du régime. Bien que pacifiste, la mobilisation a été durement réprimée par des troupes saoudiennes, entrées à Manama le 14 mars 2011, faisant au moins 35 morts.

A Oman, des manifestations ont éclaté dans la ville portuaire de Sohar le 28 février 2011, exigeant des réformes démocratiques. Un fait nouveau pour le sultan Qabous, septuagénaire cumulant les fonctions de chef d'Etat, premier ministre, ministre de la défense, des finances, des affaires étrangères et gouverneur de la banque centrale, qui n'avait jamais eu affaire à l'ire de ses sujets.

MYTHE DE LA STABILITÉ

En Arabie saoudite, la minorité chiite a commencé à se mobiliser en février 2011 à Qatif. Dans cette ville de l'ouest du pays, les femmes ont manifesté aux côtés des hommes, un phénomène extraordinaire dans le contexte ultra-conservateur saoudien. Les mobilisations se sont ensuite propagées à Riyad et à Al-Qassim, bastions traditionnels des Al-Saoud. Dans ce pays de 30 millions d'habitants évoluant en vase clos, où 30 % des moins de 25 ans sont au chômage, et qui offre pour seul projet de société l'application des règles de l'islam salafiste, les manifestations ont pris une tournure inhabituellement politique, mettant à mal le mythe de la stabilité du royaume wahhabite.

En 2011, les régimes ont accompagné la répression de ces mouvements de mesures clientélistes exceptionnelles : 20 000 fonctionnaires ont été embauchés à Bahreïn, 50 000 à Oman, 120 000 en Arabie saoudite, où le roi Abdallah a débloqué 130 milliards de dollars d'aides sociales en février, et le versement de nouveaux subsides en mars s'élevant à 20 % du PIB saoudien.

Les réactions des régimes soulignent autant leur inquiétude face aux revendications populaires que leur incapacité à y répondre. En dépit des moyens déployés, le mécontentement n'a pas disparu ; il s'exprime dans tous les pays du Golfe, sur Internet ou dans la rue.

A Bahreïn, des manifestations ont lieu chaque semaine. Au Koweït, la gouvernance du pays est mise à l'épreuve par les dissolutions à répétition du Parlement. Le Qatar tente de contenir le vent révolutionnaire en confortant les Frères musulmans égyptiens et tunisiens tandis que l'Arabie saoudite supporte les salafistes, et que l'un et l'autre financent les islamistes en Syrie. Portant ainsi à son paroxysme l'affrontement avec l'Iran qui soutient le président syrien Bachar Al-Assad.

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