Diplômé du Master 2 Expertise Internationale en 2017, Rémy Lambertin est aujourd’hui Responsable des relations institutionnelles France pour Airbus. Dans cette interview, il revient sur son parcours et sur ce que signifie “travailler dans le domaine du spatial”.
Quel est votre parcours académique ? Que vous a apporté Sciences Po Aix ?
J’ai eu la chance d’intégrer Sciences Po Aix directement après le bac. À l’époque, je souhaitais devenir magistrat et Sciences Po Aix était l’une des écoles qui obtenait les meilleurs résultats au concours de l’École Nationale de la Magistrature. Parmi les différents Instituts d’Études Politiques, Sciences Po Aix était donc celui qui me tentait le plus ! Sans compter bien sûr les attraits de la ville elle-même, qui reste pour moi l’une des plus belles de France, et l’une des plus agréables à vivre.
Après les deux premières années de tronc commun, j’ai réalisé ma troisième année en mobilité à l’Université de Warwick, au Royaume-Uni, pour perfectionner mon anglais. Puis, en 4ème année, j’ai choisi la filière “Affaires publiques” en vue de préparer le concours. J’ai finalement changé d’orientation de carrière en cours de route : divers stages auprès de magistrats m’ont fait mesurer toute la difficulté de leur mission, entre manque de moyens, rigidité administrative et dilemmes moraux permanents. J’ai développé un grand respect pour ceux qui choisissent cette voie, mais j’ai aussi réalisé qu’elle n’était pas pour moi. J’ai donc intégré en 5ème année le master Expertise internationale de Sciences Po Aix : je voulais m’orienter vers le privé, mais dans un secteur à forts enjeux régaliens.
La formation à Sciences Po Aix est très riche, quel que soit le master choisi : on y développe une curiosité intellectuelle, une grande adaptabilité et surtout une capacité à distinguer les enjeux essentiels dans un problème trop complexe pour être résolu intégralement. À cet égard, je pense que nous sommes très complémentaires par exemple des ingénieurs et scientifiques, avec lesquels j’évolue désormais au quotidien. Eux ont une expertise précise et une approche systématique des problèmes que nous n’avons pas, mais nous avons la capacité de traiter des sujets transverses en se focalisant sur les variables les plus importantes, ce qui dans certains domaines est efficace.
Comment s’est déroulée votre entrée dans la vie active ?
Rien d’original : un cocktail de chance et de travail. J’ai réalisé mon stage de fin d’études chez ArianeGroup (qui avait un autre nom à l’époque), la société qui réalise les fusées Ariane et les missiles de la dissuasion. Puis j’ai été embauché dans le groupe. J’ai rejoint en 2017 l’une de ses filiales, Sodern, qui réalise des équipements spatiaux et neutroniques : d’abord comme responsable de la communication et des relations institutionnelles, puis comme directeur de cabinet du PDG.
Enfin, depuis janvier 2023, j’ai rejoint Airbus Space Systems comme responsable des relations institutionnelles France. Airbus est bien sûr connu pour les avions, mais c’est aussi l’un des leaders mondiaux du spatial, qui réalise tous types de satellites, de sondes d’exploration, d’instruments spatiaux…
À quoi ressemble votre quotidien ?
Dans le secteur spatial, je ne crois pas qu’il y ait de routine : les sujets sont variés et les journées ne se ressemblent pas.
Quelles sont vos missions ? Pourriez-vous nous parler de votre engagement ?
Le spatial est passionnant car il est à la croisée des crises du moment. Il est par exemple essentiel dans le suivi et la compréhension du climat : la moitié des variables climatiques qui intéressent les chercheurs ne peuvent être étudiées que depuis l’espace. L’Europe est en pointe dans ce domaine au plan mondial. Le spatial est aussi un atout de souveraineté : la France dispose de satellites pour se renseigner de manière autonome, pour communiquer de manière sécurisée, etc. Enfin, c’est un secteur qui exporte beaucoup : la filière européenne est leader mondial par exemple pour les satellites de télécoms et d’observation. Elle innove énormément.
À l’heure où il est question de réindustrialiser l’Europe, il faut donc capitaliser sur cette filière et la renforcer. Il faut également construire une stratégie et un cadre règlementaire qui fassent du spatial un bien commun et durable : préserver l’espace lui-même, et réaliser des missions d’intérêt général. Cela ne peut se faire que dans le cadre d’un partenariat étroit entre l’État et l’industrie. C’est le sens de mon poste, puisque je suis en charge des relations entre Airbus Space Systems et les institutions.
Quels sont vos projets pour l’avenir ? Des défis à relever dans les prochaines années ?
Déjà, faire mes preuves dans mon nouveau poste ! Ensuite, on verra.
Un dernier conseil pour les étudiants ?
Trouvez votre voie ! Utilisez vos années d’étudiants pour interroger votre vocation, la confronter au réel via des stages. Peut-être que vous en sortirez renforcé dans votre projet, ou au contraire que vous changerez d’objectif : l’essentiel est de trouver ce qui vous plaît.
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