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Nos questions à Marie Pouzadoux

Sciences Po Aix

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29/09/2022

Diplômée de la promotion 2021 de Sciences Po Aix, Marie Pouzadoux a été une figure incontournable des 2e et 3e éditions du BWS. Déjà récipiendaire de deux prix de journalisme elle nous parle de sa vocation qu'elle exerce actuellement pour le quotidien Le Monde. Elle a récemment co-publié un article dans la revue scientifique "Politique Européenne".


Pourriez-vous vous présenter ? Quel est votre parcours ?

Je m’appelle Marie Pouzadoux, j’ai 24 ans. J’ai terminé mon parcours à Sciences Po Aix en 2021, après y être entrée en 2017 directement en deuxième année (par l’obtention du concours Bac+1), à l’issue d’une année de classe préparatoire hypokhâgne. J’ai rejoint le master “Métiers de l’information”, à la suite de ma troisième année à l’étranger, réalisée entre Bruxelles et Leeds. À la fin de ma formation à Sciences Po Aix à l’automne 2021, j’ai eu la chance d’intégrer le service politique du journal Le Monde pour y couvrir pendant un an les élections présidentielles et législatives. Dès cet automne, je rejoins la rédaction web du quotidien.

Vous êtes journaliste politique au Monde, pourquoi avoir choisi ce métier et cette spécialité ?

Je rêvais de devenir journaliste depuis le collège, par passion pour l’actualité et attrait pour une profession d'abord découverte à travers la télévision. Informer, décrypter, expliquer et analyser pour rendre intelligible le cours des événements est ce qui m’a toujours attiré vers ce métier, tout comme l’absence de routine et le fait d'aller à la rencontre des gens. J’ai par ailleurs toujours aimé écrire, ce qui m’a très vite conduit à me tourner vers la presse écrite plutôt que l’audiovisuel. L’actualité politique s’est ensuite vraiment imposée à moi comme spécialité au cours de mes années à Sciences Po Aix, à travers les cours suivis, mes lectures personnelles, les rencontres et les stages que j'ai pu faire.

Vous avez animé et coordonné le média en ligne Brussel's Blower lors de l'édition 2019/2020 du jeu de simulation de négociations européennes Brussel's World Simulation (BWS) à Sciences Po Aix. Pouvez-vous nous raconter cette expérience et ce que vous en avez retenu ?

Cette expérience à la tête du Brussel’s Blower conduite en trio, aux côtés de Jade Iafrate et Elhia Pascal-Heilmann durant la deuxième édition du BWS, a été très enrichissante. C’était d'abord l’occasion de mettre en pratique nos compétences en matière journalistique sur des formats divers (reportages et interviews vidéos, décryptages et interviews écrites) en ayant une forte marge de liberté et de créativité. Elle a également été une opportunité sans égal pour en apprendre plus sur le fonctionnement des instances décisionnaires de l'Union européenne et le circuit législatif européen. Comme pour l’ensemble des joueurs, quel que soit le rôle qui nous a été confié, le BWS et la synergie qu’il a créé nous a permis de mettre en application nos apprentissages théoriques d’une manière tout à fait inédite. La simulation est aussi un moyen d’apprendre de manière accélérée et ludique !

En 2019 vous avez reçu avec Elhia Pascal-Heilmann, le "Prix jeunes reporters" Club de la Presse de Marseille PACA pour un reportage sur la couverture médiatique locale des féminicides. Pouvez-vous nous en dire plus sur la façon dont vous avez traité ce sujet ? D'un point de vue professionnel, qu'a pu vous apporter cette récompense ?

L’objet de ce concours lancé par le Club de la presse marseillaise était de proposer un sujet de reportage questionnant les pratiques du journalisme local. Nous avons choisi avec Elhia de nous pencher sur la manière de couvrir les féminicides par la presse locale, car il s’agissait d’un sujet d’actualité qui nous tenait à cœur, et qui mettait en lumière plusieurs problématiques de traitement de l'information depuis #MeToo. Il nous a notamment permis d’interroger l’usage d’un vocabulaire passionnel, de jeux de mots et titres accrocheurs dans les articles relatifs à ces événements, tout comme le traitement de ces meurtres quasiment exclusivement à travers la rubrique “faits divers”, alors qu’une femme meurt sous les coups de son (ex) conjoint tous les deux jours. Ce reportage était aussi un moyen d’interroger les mutations du traitement de ce sujet dans les rédactions, par le déploiement de l’usage du mot féminicide et de nouvelles pratiques. Nous avons pour ce faire rencontré des journalistes de différents âges et différentes rédactions marseillaises, des militantes féministes et échangé avec le collectif “Prenons la Une” ainsi qu’avec une sociologue spécialiste de ces enjeux. Professionnellement, ce prix nous a permis à toutes les deux de valoriser nos compétences en matière d'écriture et de gagner en crédibilité. Il a été un atout lorsque que nous avons postulé par la suite à de nouveaux stages.

Vous avez co-écrit avec Olivier Baisnée "Le corps de presse de l’Union européenne 2000-2020 : permanences et transformations d’une institution journalistique" article publié dans la revue scientifique Politique Européenne. Pourquoi vous êtes-vous intéressée à ce sujet ? Ce travail scientifique a-t-il une influence sur la façon de mener votre travail ?

J’ai eu la chance de co-signer cet article universitaire dans la revue Politique européenne aux côtés d’Olivier Baisnée, sur sa proposition, à la suite de mon mémoire de 4e année, dont il a été codirecteur (« Couvrir Bruxelles : dynamiques de socialisation et pratiques du journalisme de correspondance dans la « bulle » européenne », 2020). Sous l’impulsion de Philippe Aldrin, mon directeur de recherche, j’ai réalisé mon mémoire sur un sujet à la croisée de la sociologie du journalisme, de la sociologie de la politique et de la sociologie de la communisation, en m’intéressant aux spécificités du champ journalistique bruxellois. J’avais conduit mon terrain à l’automne 2018, en parallèle de mon mon stage de troisième année à la Fédération internationale des journalistes, située en plein quartier européen. Cette proximité spatiale m’a permis de rencontrer de nombreux correspondants, d’observer les interactions de la “bulle européenne” et d’y naviguer pendant plusieurs mois pour nourrir mes recherches. Dans la mesure de ses moyens, ce Mémoire se voulait ainsi une actualisation d’une partie des travaux pionniers conduits par M. Baisnée au tournant des années 2000 sur le corps professionnel journalistique européen. L'article que nous avons publié ensemble cette année a ainsi vocation à souligner les permanences et transformations du poste de correspondant à Bruxelles sur ces vingt dernières années et d’y rappeler ses spécificités.

Quels conseils donneriez-vous aux étudiants de Sciences Po Aix souhaitant devenir journaliste ?

Ne jamais lâcher, quand bien même ce métier vous semble lointain, de par vos origines sociales et/ou géographiques. Restez passionnés, alertes et curieux car cela vous permet de diversifier vos sources, d’interroger vos pratiques ou encore de trouver des sujets originaux. Il faut aussi ne pas hésiter à questionner des professionnels, car c’est bien souvent par ce biais que l’on en apprend le plus sur le métier et sa pratique, et à multiplier les stages pour découvrir ce qui vous plaît dans ce métier. Un autre conseil est de vous spécialiser, quel que soit votre domaine d'intérêt. Sans évidemment se désintéresser de l’actualité générale, développer des connaissances sur un ou plusieurs sujets spécifiques vous permet de vous distinguer à votre entrée dans la profession.

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