Victoire de Syriza: pourquoi la Grèce a besoin de l'UE - Jean-Dominique Giuliani, Sciences Po Aix 1977-Le Figaro
Jean-Dominique Giuliani, licencié en droit et diplômé de l'Institut d'études politiques d'Aix-en-Provence en 1977, préside la Fondation Robert-Schuman.
«La joie venait toujours après la peine»: ce vers du poète français Guillaume Apollinaire dans «le Pont Mirabeau» a transporté les commentateurs, une fois encore collés à l'actualité.
Le vote des Grecs est d'abord motivé par son rejet massif d'une classe politique qui a mis le pays en
L'élection d'un jeune nouveau venu dans le paysage politique national porte donc un grand espoir, peut-être la dernière chance, de rétablir un État qui fonctionne, qui perçoit des impôts et les répartit équitablement. Mais le programme de Syriza ne sera pas appliqué comme annoncé. Dépenses publiques massives, distribution de revenus et de crédits sociaux ne seraient possibles que par l'emprunt, malgré la croissance retrouvée grâce à l'Union européenne. On espère que les mois à venir ne seront pas ceux de l'irresponsabilité, mais d'une discussion franche avec les Européens, qui ont sauvé la Grèce du désastre. Sans eux le pays aurait sombré dans la misère sous la tutelle bien plus dure de la communauté internationale.
La victoire de la gauche radicale en Grèce est aussi symbolique de l'état d'esprit des Européens. Après des années de laxisme, de distribution d'avantages et de revenus largement financés par les dettes, la remise en ordre des
Le filet de sécurité que constituent les traités et la coopération européenne, celui-là même qui a sauvé la Grèce, va encore fonctionner. Pour appliquer son programme, le nouveau gouvernement grec aura besoin de le réviser avec l'accord de ses partenaires. Les dettes doivent toujours être payées et on n'imagine pas qu'aux 110 milliards d'euro de dettes grecques déjà annulées vienne s'ajouter encore un poids sur les contribuables des autres pays de l'Union.
Pour autant, comme à chaque fois qu'un État membre est en difficulté et qu'un peuple s'exprime, les Européens accepteront la discussion et attendent des propositions concrètes. Puissent-t-elles être raisonnables et productives. Et ne pas oublier la fin du poème d'Apollinaire: «vienne la nuit, sonne l'heure, les jours s'en vont, je demeure». Les dettes aussi.
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