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Nos questions à Éloi Audoin-Rouzeau

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04/11/2021

Parlez-nous un peu de votre expérience : quel est votre parcours académique ? Quelle était votre promotion dans notre École ? Que vous a apporté Sciences Po Aix ?

Je suis entré à Sciences Po Aix en 2008, juste après un Bac Littéraire, Promotion Claude Levi-Strauss – qui venait tout juste de disparaître. Je me souviens très bien de cette année-là, car elle correspond à la première élection de Barack Obama. À l’époque, c’était un événement au sein de l’École. Très vite, je suis entré au journal associatif étudiant de Sciences Po Aix : l’Aixhaustif. Il n’existe plus aujourd'hui.  Un canard que l’on s’arrachait et dont je suis devenu le rédacteur en chef en seconde année. Je me suis spécialisé dans les sciences humaines en quatrième année, puis je suis parti pour Dublin, à Trinity College pour un Master en conservation de l’environnement. Cela m’a mené vers un premier stage à l’UNESCO, puis un premier poste à la FAO, à Rome, avec des missions au Burkina-Faso et au Mali. J’aurais pu continuer dans cette voie, mais l’écriture, qui ne m’avait jamais quitté depuis ma prime jeunesse, m’a rattrapé. Je m’y suis consacré à Rome, puis je décidai de rentrer en France, à Paris, dans le but d’écrire. Mon premier projet s’est vite enclenché : une enquête de terrain parmi les sans-abris de Belleville. J’utilisai alors mes techniques d’enquête en observation participante, apprises à Sciences Po Aix. De ce témoignage sociologique, j’en ai fait une sorte de récit entre témoignage journalistique et  fiction littéraire. Cela a donné le livre Belleville au Cœur (Slatkine, 2018) qui a été vendu à près de 9000 exemplaires. Le signataire du livre a été Christian Page, le sans-abri dont je racontai l’histoire et à qui je prêtai ma plume, mais j’ai tout de même pu préfacer et signer le livre que j’ai écrit pour lui. Sans mes études, je n’aurais jamais pu réaliser cet exercice qui me demandait une élasticité intellectuelle et des connaissances multiples, une bonne compréhension du milieu dans lequel j’entrai. Aujourd’hui encore, dans mon écriture, c’est cette diversité de connaissances, cette capacité à comprendre le monde qui nous entoure, qui fait que je peux écrire. 


Votre premier roman Ouvre ton aile au vent, vient d’être sélectionné parmi 9 autres livres de la rentrée littéraire pour le Prix du Premier roman. Parlez-nous de cette expérience !

C’est avec honneur que j’ai appris cette bonne nouvelle ! Il y en a eu d’autres, parmi lesquelles une bonne réception critique, quelques beaux papiers dans la presse et des premiers retours de lecteurs enthousiastes. J’ai pu me rendre dans plusieurs librairies en Alsace, en Bretagne et en Normandie pour des rencontres. Je serai à Aix-en-Provence le samedi 6 novembre 2021 à la librairie « Le Blason ». C’est une expérience très particulière d’aller à la rencontre des lecteurs. Faire partie de la rentrée littéraire est une expérience intense qui demande un certain investissement, et la difficulté de faire exister son livre parmi tous les autres est bien réelle. Mais cela n’enlève en rien le plaisir qui est le mien de faire vivre ce livre et d’encourager le plus possible la découverte de mon travail.

Ce livre, Ouvre ton aile au vent est à la croisée entre le roman, la fable, le conte, la satire politique… Il évoque aussi notre rapport au monde sauvage, nos rapports humains… Il a été écrit pendant le premier confinement et évoque - mais dans la fiction, dans l’imagination - la période que nous avons traversée et la société que nous aurions pu devenir si un tel virus s’était propagé de façon plus grave encore. 

C’est l’histoire un peu fantasque d’une chasse au canard dans Paris, un jour de carnaval, vingt ans après une pandémie qui a laissé place à un pouvoir autoritaire. L’action se déroule en une seule journée de folie, dans un futur proche, pas si loin, qui pourrait être le nôtre. Depuis qu'un virus aviaire a frappé la planète, les oiseaux de basse-cour sont interdits. La société française souffre de restrictions draconiennes. Dans un Paris déchu, la conscience collective cède place à l'instinct populaire. Une fois l'an, la foule a droit à son charivari : du haut d'un célèbre restaurant, un canard spécialement élevé pour l'occasion est lâché. Le peuple exulte et laisse libre cours à ses pulsions : celui qui capturera le canard échappera à la misère. Les jeux sont ouverts ; la chasse commence, perdue d'avance pour l'infortuné volatile. Sauf que cette année-là, avec l'aide de quelques rêveurs, le canard est bien décidé à jouer crânement sa chance… C’est un récit poétique qui interroge la violence sociale. Face à la bestialité tapie, il convoque notre humanité, en appelle à l'individu et à son libre-arbitre.

 

Quels sont vos projets à venir ? Des défis à relever ces prochaines années ? 

Je me consacre presque entièrement à l’écriture. Pour mon gagne-pain, je travaille pour la publication de cours d’histoire et de géographie en ligne (par le passé, je travaillais pour les chroniques de Christophe Hondelatte à la Radio). Je dois aussi me rendre dans plusieurs lycées pour un projet en collaboration avec le Musée de l’Homme de Paris et la Maison des écrivains : sensibiliser les jeunes à l’écriture et à la création sur les thèmes de la conservation de l’environnement et de l’écologie. Je prépare mon prochain roman, qui abordera des thèmes similaires : la nature, l’environnement, et cet univers qui est le mien, celui d’un futur passéiste. Un avenir qui rappelle notre passé et que je trouve très romanesque. 


Éloi Audoin-Rouzeau sera présent à la librairie "Le Blason" à Aix-en-Provence ce samedi 6 novembre 2021, pour la signature de son roman Ouvre ton aile au vent.


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